Service d'ANalyse des formes ARCHItecturales et Spatiales (AnArchiS)

Les activités passées sont aisément repérables dans la mesure où elles ont été matérialisées, où elles ont pris forme. L’étude de ces formes, architecturales, architecturées ou paysagères, occupe en cela une place privilégiée dans l’appréhension et la reconstitution de ces activités, et au-delà, des sociétés qui sont à leur origine.

L’examen des formes en tant que faits archéologiques, tels qu'ils apparaissent lors de prospections ou tels que la fouille les révèle, et les outils mis en œuvre pour mener à bien cet examen dépendent de la nature et de l’état de conservation des vestiges : nous pouvons avoir affaire à des monuments exceptionnellement préservés ou à des formes que l’on ne peut plus appréhender qu’en négatif. Tout au long de la chaîne d'acquisition et d'analyse que nous mettons en place, la possibilité de gérer nous-mêmes l'évolution de nos propres données sur le long terme et de veiller à la compatibilité des choix techniques effectués permet d'assurer la pérennité des informations recueillies et produites, ainsi qu'un travail collaboratif ou à distance. Les outils et les méthodes que nous utilisons sont multiples. Leur diversification permet de ne pas dépendre d’un seul type de matériel ou d'un unique logiciel. 

L’acquisition des données de terrain

L’ampleur et la précarité des vestiges mis au jour sur nombre de sites étudiés imposent un enregistrement rapide et efficace de ces données. Des stratégies d’acquisition les plus exhaustives possibles sont mises en place au cas par cas. Elles dépendent cependant des contextes géographiques et socio-économiques contemporains dans lesquels nous évoluons (disponibilité et acheminement du matériel, accès à l’électricité…).

Le relevé

La description des formes spatiales en archéologie, qu’elles soient architecturales ou paysagères, ne peut se faire sans un important travail d’information graphique, qui seul permet de les appréhender dans toutes leurs dimensions et de transmettre leurs détails aux différents acteurs de la recherche. Les outils conceptuels utilisés pour l’acquisition comme pour la formalisation de cette information sont issus des domaines de l’ingénierie, de l’architecture et de la cartographie, dont les conventions et les pratiques sont adaptées. Ces représentations, à des échelles données, en plans (au sol ou de masse), en coupes et en élévations pour les projections orthogonales, ou axonométriques et isométriques pour les projections en perspectives, ne concernent dans un premier temps que l’existant. Le travail de restitution et de rendu n’interviendra qu’en aval de cet enregistrement des faits qui se doit d’être le plus précis et le plus neutre possible : au-delà d’un simple dessin d’observation, il s’agit d’une représentation technique dont les exigences, en termes de précisions, sont proches de celles d’un dessin d’exécution.

Les techniques utilisées pour les prises de mesures et pour le dessin lui-même sont variées : elles dépendent des époques, des lieux, des circonstances et des moyens disponibles. Elles dépendent également des goûts et des choix de ceux qui les réalisent. Si de multiples technologies numériques sont désormais mises en œuvre dès l’acquisition des données sur le terrain, elles côtoient des techniques traditionnelles où l’utilisation de la triangulation, du mètre, du niveau à bulle et du fil à plomb pour les prises de mesures, et du calque et de la mine de plomb pour le dessin lui-même, restent nécessaires. L’examen in situ des objets étudiés et des allers retours entre les objets et leurs représentations, s'ils sont possibles, sont par ailleurs des gages d’exactitude de l’information recueillie.

La topographie

L’UMR 7044 s’est dotée d'une gamme d'instruments de topométrie (tachéomètres des constructeurs Trimble et Leica) qui interviennent en totalité ou en compléments d’autres outils, traditionnels ou numériques, pour l’élaboration de relevés archéologiques de précision. Communément utilisés dans les domaines des BTP et de l'industrie, ces instruments permettent l’acquisition rapide de données planimétriques sur des aires relativement étendues, mais leur usage ne se limite pas au seul enregistrement des formes du terrain (naturelles ou artificielles) : les mesures pouvant être effectuées au laser sans réflecteur, et permettre la saisie de points inaccessibles, notamment sur des surfaces verticales, ils se révèlent également indispensables pour les relevés architecturaux de détail et la mise en concordance de toutes les échelles d'analyse et les dimensions (plans, coupes, façades, modèles numériques des terrains et des bâtiments). Via le format DXF, qui est le format de standard industriel des logiciels de CAO généralistes, les données enregistrées sur le terrain peuvent être ensuite exploitées sur différents logiciels (Autocad, Photomodeler, Photoscan) pour leur métré et leur analyse.

Les liens tissés par l’UMR 7044 avec d’autres partenaires et d'autres disciplines permettent, par un jeu d’emboîtement d’échelles, d’inscrire ces relevés topographiques et architecturaux dans leurs contextes paysagers, territoriaux ou géologiques à l’aide d’instruments de mesures complémentaires. Quelques exemples parmi d'autres :

1- les services topographiques des Instituts Français d’Archéologie Orientale (IFAO, Le Caire) et du Proche-Orient (IFPO, Beyrouth) nous offrent l’opportunité d’utiliser leurs GPS différentiels et d’étendre nos relevés de terrain en Egypte et en Syrie ;

2- l’Institut Archéologique de Belgrade a permis de recourir à la technique du Lidar topographique pour cartographier une superficie importante autour du site de Caričin Grad et repérer le tracé de son aqueduc ;

3- l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg (UMR 7516) nous permet de bénéficier de ses méthodes de prospection géophysiques particulièrement efficaces pour repérer les structures anthropiques enfouies sous les sables de Qasr'Allam ;

4- grâce au pôle cartographie du service de techniques archéologiques de la Maison de l’Orient de Lyon (USR 3439), nous pouvons intégrer certains de nos sites syriens sur des fonds cartographiques régionaux exploitables en 3 dimensions

La photogrammétrie

La photogrammétrie, qui utilise la photographie non seulement pour observer, mais également pour mesurer les terrains et les objets, est à la fois employée pour les relevés de détail en plan et pour les relevés d’objets architecturaux, parfois conservés en élévation sur plusieurs mètres. Cette technique, autrefois relativement lourde à mettre en œuvre, est devenue accessible grâce au développement de l'imagerie numérique et de l'informatique grand public. Lorsque seuls des objets plans sont concernés et qu'aucun modèle numérique en 3D n'est nécessaire, les techniques de redressement d'images peuvent se révéler être des alternatives également intéressantes (voir à ce sujet les applications Gaia développées par P. Assali dans le cadre de l'INSA de Strasbourg).

A nos échelles de travail, le recours à la photogrammétrie permet l’élaboration de procédures rapides d’accès à une information synthétique et opérationnelle. Un de ses points fondamentaux est d’incorporer l’image et la représentation graphique comme élément dynamique de la gestion de l’information ; cette dernière devant, dans la mesure du possible, demeurer ‘objective’, sans interprétation ou artifice graphique. Son but est de servir simultanément un pragmatisme de sauvegarde documentaire à court terme et des procédures d’analyse à long terme. Les dossiers constitués doivent pouvoir s’adapter à différentes approches, d’ordre typologique ou monographique, en fonction du rythme de l’acquisition, de l’élargissement et de la diversification des points de vue. 

L’UMR 7044 dispose ainsi d’une chaîne de numérisation servant d’interface entre l’objet et sa représentation. Les logiciels Photomodeler et PhotoScan permettent la collecte et le traitement de données spatiales issues de clichés paramétrés pris par des appareils photos numériques standards. Les mesures ne s’effectuent plus sur l’objet lui-même mais sur sa représentation photographique à partir de laquelle on peut définir sa forme, sa position et sa taille. La seule condition concernant l’objet est d’être photographiquement reproductible. La restitution graphique est indépendante de la prise de vue dans le temps et dans l’espace. Le matériau issu de cet enregistrement peut être transféré vers différents programmes spécialisés (logiciels de CAO-DAO, tableurs, etc.) et modulé selon l’objectif recherché. 

Ces techniques, largement utilisées dans les domaines de la conception industrielle et de la documentation patrimoniale, permettent la construction quasi-instantanée d’images de synthèse en 3 dimensions. Dans une optique de "sauvetage" de l’information archéologique, disposer (sans intermédiaires) de tels équipements dans le cadre de nos opérations de terrain permet une plus grande réactivité face aux circonstances et aux imprévus de nos découvertes. Dans une optique de valorisation (scientifique, pédagogique ou grand public) de nos travaux, cette technique est également un précieux vecteur de communication. En effet, il s’avère beaucoup plus rapide de "scanner" un élément architectural, un objet ou une scène archéologique que de les recréer a posteriori sur un logiciel de modélisation 3D.

Les techniques numériques évoluent très vite. Afin de compléter son instrumentation, l’UMR 7044 poursuit plusieurs projets :

  • La numérisation de secteurs difficilement accessible et aux reliefs complexes pourrait être simplifiée par l’utilisation d'un drône combiné avec un des systèmes de photogrammétrie numérique dont nous disposons déjà.
  • Bien que ces systèmes permettent, à moindre frais, de couvrir un large spectre de situations, un scanner laser terrestre sans contact permettrait de compléter la documentation 3D des vestiges bâtis mais également d'accélérer l’enregistrement des "scènes" archéologiques complexes mises au jour et d'en conserver une copie exacte et mesurable : en un temps record, cet instrument produit des nuages de points denses qui couplés avec les prises de vue d’un appareil photo couleur intégré donnent des images 3D dont la précision est millimétrique
  • Le service et la Direction des Usages Numériques (DUN) de l’Université de Strasbourg collaborent autour de la mise en place d’une plateforme d’hébergement, de partage et de publication de modèles 3D produits dans des cadres scientifiques, lors de phases d’acquisition de données et lors de phases de reconstruction en 3D. Alors que cet hébergement est actuellement principalement fourni par des sociétés privées (sketchfab, Verold, etc.), cette plateforme s’inscrira dans un cadre institutionnel sécurisé et durable qui facilitera le signalement et la création de corpus partagés.

 

 

 

L'analyse des formes

Les travaux des membres du service AnArchiS s’inscrivent dans plusieurs programmes dont les recherches ont une dimension territoriale. Dans ces démarches collectives, des corpus, tant paysagers qu’architecturaux, sont réunis et peuvent ainsi faire l’objet d’analyses comparatives.

La constitution et la documentation de corpus

Nous avons en effet l’occasion de travailler sur des séries, groupes de bâtiments ou entités spatiales, qui sont formellement et techniquement cohérents. Dans un tel contexte, analyser des formes bâties ou paysagères implique une double démarche, à la fois monographique - concentrée sur l’étude archéologique et la restitution de chaque spécimen étudié isolément - et sérielle - la confrontation des spécimens entre eux conduit à en distinguer les caractéristiques en saisissant ce qui les rapproche et ce qui les discrimine, et à définir ainsi leur(s) identité(s) morphologique(s) et technique(s). Il nous faut donc expliciter puis comprendre ce que l’observation empirique permet de remarquer à l’échelle d’une entité unique, puis du corpus dans sa globalité, et surtout mener cette confrontation de façon méthodique par la mise en œuvre d’examens spécifiques. Les caractéristiques intrinsèques de chaque corpus, leur état de conservation, conditionnent largement les détails et l’échelle de leur analyse (1).

La décomposition des structures morphologiques et l’analyse des traits distinctifs

Les études que nous menons mettent en œuvre des outils conceptuels propres aux domaines de l’archéologie du bâti (2) – qui reprennent ceux de  l’archéologie "en sous-sol" (3), en les adaptant à l’examen d’édifices en plan ou en élévation par exemple –, de la sémiologie graphique (4), de l’analyse des formes (5) et de la conception architecturale (6). Nous menons ainsi de front des études par observation et description, notamment graphique (cf. supra et infra), de chaque objet ou entité de plan, et des analyses quantitatives et statistiques des phénomènes rencontrés. Nous traitons et croisons nos données afin de faire apparaître certaines informations spécifiques. Nous décomposons et segmentons les formes bâties et paysagères, nous mesurons, comptons et calculons, nous classifions et expliquons. Le dessin, simple outil d’enregistrement des formes dans un premier temps, devient dans toutes ces opérations un outil d’investigation à part entière. Les outils de CAO sont fortement sollicités : en combinant dessin et calculs scientifiques, ils permettent la mise en oeuvre de fonctions d'analyses et de métrés. Les outils de calculs statistiques font également partie intégrantes de cette démarche. Notre but est simultanément une (re)construction virtuelle des formes et des espaces et la reconnaissance des processus et des procédures qui sont à leur origine ;  ceci à des échelles d’analyses diverses. 

La constitution de catalogues raisonnés

Les études que nous menons mettent en œuvre des outils conceptuels propres aux domaines de l’archéologie du bâti (2) – qui reprennent ceux de  l’archéologie "en sous-sol" (3), en les adaptant à l’examen d’édifices en plan ou en élévation par exemple –, de la sémiologie graphique (4), de l’analyse des formes (5) et de la conception architecturale (6). Nous menons ainsi de front des études par observation et description, notamment graphique (cf. supra et infra), de chaque objet ou entité de plan, et des analyses quantitatives et statistiques des phénomènes rencontrés. Nous traitons et croisons nos données afin de faire apparaître certaines informations spécifiques. Nous décomposons et segmentons les formes bâties et paysagères, nous mesurons, comptons et calculons, nous classifions et expliquons. Le dessin, simple outil d’enregistrement des formes dans un premier temps, devient dans toutes ces opérations un outil d’investigation à part entière. Les outils de CAO sont fortement sollicités : en combinant dessin et calculs scientifiques, ils permettent la mise en oeuvre de fonctions d'analyses et de métrés. Les outils de calculs statistiques font également partie intégrantes de cette démarche. Notre but est simultanément une (re)construction virtuelle des formes et des espaces et la reconnaissance des processus et des procédures qui sont à leur origine ;  ceci à des échelles d’analyses diverses. 

 

Le travail de restitution

Quels que soient les sites concernés, les travaux que nous menons doivent permettre de retracer l’histoire d’ensembles bâtis ou paysagers de nature diverse, de leur production à leur ruine, et de les resituer dans un contexte, spatial et historique. Les projets auxquels nous participons dépassent en effet tous les simples cadres de collections de monographies de bâtiments ou de l’étude technique et formelle de corpus : ils concernent l’étude historique et matérielle de territoires ruraux ou urbains dans toutes leurs dimensions et toute leur complexité.

La reconstruction et l'interprétation des formes

Les hommes transforment en permanence leur cadre de vie. Les formes architecturales et paysagères qui en découlent sont le résultat de systèmes d’interactions complexes, dont les mécanismes ne sont pas toujours connus a priori. Elles ne résultent pas nécessairement et exclusivement de contraintes techniques ou naturelles. Elles sont en ce sens autant matière qu’esprit (7). Les expliciter implique l’explicitation des modèles culturels dont elles sont issues, qu’elles matérialisent, et qu’elles façonnent en retour. Certaines des formes que nous étudions sont dites « savantes », d’autres sont résolument « vernaculaires ». 

Quelles sont les parts respectives de la nature, de la technique et du social dans leur production ? Dans quelle mesure pouvons-nous les restituer ? L’indexation des régularités observées à l’échelle de nos corpus d’analyse ne fournit qu’une partie des outils typologiques nécessaires au repérage, à la compréhension et, à la recomposition d’assemblages, d’espaces et d’ensembles, là où les indices archéologiques sont minces ou contradictoires. Des recherches bibliographiques propres aux thèmes étudiés que nous menons en parallèle complètent ce dispositif d’analyse. Ces démarches, indissociables l’une de l’autre, sont menées simultanément, dans un constant va-et-vient.

A ce stade de nos travaux, le travail graphique et de représentation est autant outil d'évaluation, qu'outil de transmission d'une idée. Déjà fortement sollicités lors de l’acquisition des données de terrains et des procédures d’analyse, les outils de CAO se révèlent sans doute les mieux adaptés à ces manipulations, en permettant de gérer un grand nombre de paramètres et de concevoir des systèmes complexes pour re-constituer virtuellement des objets et des espaces. Par la réalisation de ces maquettes virtuelles, nous testons des hypothèses qui portent sur des ensembles bâtis, mais également sur des détails et des thèmes divers. Nous éprouvons leur faisabilité, relevons les incohérences et incompatibilités éventuelles (raccords de toiture, détails de charpenterie, etc.). Nous pouvons nous arrêter à l'état d'esquisses, de "filaires" CAD multicolores et sommaires. Ces maquettes peuvent ne concerner que des morceaux des espaces et des formes que nous étudions : elles sont évolutives. Les solutions testées peuvent être finalement laissées de côté, provisoirement ou définitivement, ou être sélectionnés pour être poursuivie. 

L'évocation

Un des programmes transversaux de l’UMR 7044 conduit en 2009-2012 par Fr. Laroche-Traunecker  développait le thème de la restitution de l'architecture en archéologie et son histoire. La restitution virtuelle, ou l'évocation, trouve sans aucun doute une place dans les publications scientifiques. Elle peut être en 2 ou en 3 dimensions dans le cadre d'une publication sur papier. Elle peut devenir maquette virtuelle et s'intégrer dans une animation dans le cadre d'une publication numérique. Le dessin, en tant que "formalisation", devient ici un précieux outil de communication non verbale, susceptible à la fois de synthétiser les résultats réels (et forcément limités) de nos recherches et d’extrapoler sur ce que l’on ne peut plus qu’"imaginer". Il permet de multiplier hypothèses et points de vue, et de mettre en scène les vestiges que nous étudions. Il suggère de nouvelles pistes à explorer. Il permet également d'élargir le public auquel nos publications s'adressent généralement, en offrant l'opportunité d'une approche plus ludique et plus concrète de nos travaux. Il ré-exploite sous un nouvel angle l'important travail d'acquisition, d’information et d'analyse réalisé en amont.

 

De la "mise en carte" à l'analyse spatiale

Les données archéologiques sont dans la majorité des cas localisées, inscrites dans l’espace et leur cartographie s’impose naturellement. 

Où, quoi, pourquoi ?

Traditionnellement, les archéologues produisent des cartes à différentes échelles : relevés et plans de fouilles, représentations à l’échelle du site, de la ville ou du village, à l’échelle du terroir ou de la micro-région, à l’échelle régionale, etc.

Il s’agit le plus souvent de cartes de localisation, d’inventaire (consignation précise et exhaustive des matériaux relevés sur le terrain) ou de cartes de répartition thématique(X. Rodier, 2006). Si ce type de représentation cartographique est élémentaire ("où se trouve quoi ?"), il n’en demeure pas moins parfaitement efficace d’un point de vue heuristique : les répartitions observées, les pleins et les vides, les éventuelles organisations spatiales soulèvent immanquablement des questions ("pourquoi ici et pas ailleurs ?") propres à faire avancer une réflexion. Ces représentations sont par ailleurs des préalables incontournables à des analyses spatiales et des cartographies plus avancées issues de géo-traitements ou de modélisations.

Données brutes et réflexions thématiques

Comme dans d’autres disciplines (à commencer par la géographie et les sciences de la terre), la production et l’usage de cartes et, plus largement, la prise en compte de la dimension spatiale dans les études archéologiques ont été bouleversées par la démocratisation du GPS et l’adoption des Systèmes d’Information Géographique (SIG) depuis maintenant une vingtaine d’années. Rappelons qu’un SIG désigne à la fois une base de données géoréférencées organisée sous forme de couches et le logiciel qui permet de les traiter (stockage, requêtes, traitements spatiaux et attributaires) et de produire des cartes à la demande. Cet outil, s’il est bien maîtrisé et ne se substitue pas à la réflexion thématique, est source d’apports incontestables : le géo-référencement des objets et faits archéologiques peut être conservé tout au long du processus d’enregistrement et de traitement de l’information, du terrain jusqu’à la publication des cartes finalisées. Les données stockées peuvent être interrogées à l’envie pour en tirer des interprétations et peuvent être aussi aisément partagées avec la communauté scientifique lorsqu’il s’agit d’un WebSIG (SIG en ligne). "Géoréférencer plus rapidement implique en aval plus de temps pour répondre aux questions que l’on se pose sur les lieux étudiés et c’est tout bénéfice pour la connaissance archéologique" (M. Gautier, SIG MAG n°1, juin 2014). Par ailleurs, les SIG permettent d’intégrer des images issues de télédétections (images satellites, photos aériennes, modèles numériques de terrain, etc.) précieuses dans le cadre de projets de prospection ou de modélisation.

Un pôle de cartographie/géomatique

Depuis septembre 2014, le service Anarchis développe un pôle de cartographie/géomatique destiné à enrichir la représentation et l’analyse de données produites par les membres du laboratoire. Ce pôle a pour vocations principales :

  • La gestion de bases de données spatialisées (saisie, géoréférencement, mise en forme, vectorisation).
  • La création et la gestion de systèmes d’informations géographiques/archéologiques (SIG/SIA) pour les zones de recherches bien documentées et où les données collectées sont déjà nombreuses, à commencer par le Massif Calcaire (Syrie du nord) et l’Oasis de Bahariya (Egypte). Cela consiste, dans un premier temps, à intégrer dans un référentiel commun les informations archéologiques et les données environnementales ou paléo-environnementales disponibles sous formes de couches thématiques superposables.
  • Le suivi et la mise en valeur du WebSIG ArkeoGis, c’est à dire la mise à jour des bases de données inventaires (ex. extraction Patriarche) ou l’importation de nouvelles bases chercheurs.
  • La production de fonds de cartes et de cartes thématiques à différentes échelles, documents de travail ou finalisés pour publications.

Ces objectifs à court et moyen termes seront complétés par les attentes exprimées par les chercheurs et par la possibilité, à plus long terme, de mettre en œuvre des méthodes propres à la télédétection (traitements d’images satellites, de Lidar, acquisition de microphotographies aériennes) et à la modélisation spatiale. L’équipement, constitué actuellement d’une station de travail performante et des logiciels SIG bureautiques classiques (QGis, Arcgis), évoluera progressivement en fonction du développement de l’activité du service avec pour ambition la constitution d’une véritable plateforme technologique.