"Mobilités préhistoriques en Europe du 6e au 3e millénaire avant notre ère : apports des études sur l'ADN ancien et sur les isotopes stables"
Vous êtes cordialement invités à la soutenance qui aura lieu le lundi 24 février à 14h à la MISHA - Salle Afrique , 5 rue du général Rouvillois, Strasbourg.
La soutenance sera suivie d'un pot auquel vous êtes cordialement invité(e)s. Afin de l'organiser au mieux, je vous prie de bien vouloir me confirmer votre présence au plus tard le vendredi 21 février (gerdaukarina@gmail.com).
Composition du jury de soutenance :
M. Christian JEUNESSE, Garant d'Habilitation
Mme Rose-Marie ARBOGAST, Rapporteur
Mme Dominique CASTEX, Rapporteur
Mme Daniela HOFMANN, Rapporteur
M. Christopher KNUSEL, Examinateur
Mme Marie BALASSE, Examinateur
Résumé
Depuis une décennie, les données humaines génétiques et isotopiques s'accumulent suite aux progrès techniques en génétique et à une meilleure caractérisation de l'environnement isotopique et compréhension des effets de la diagenèse et de l'absorption des différents éléments. Dans ce contexte, une synthèse des recherches sur la mobilité des populations à partir de ces deux sortes de données s'impose. Ce travail se concentre principalement sur la mobilité et les mouvements migratoires entre le 6e et le 3e millénaire av. J.C. Les études en paléogénétique montrent que la structure génétique des Européens actuels se doit principalement à trois populations sources. La première était présente sur le continent avant le 7e millénaire : des chasseurs-pêcheurs-cueilleurs. La deuxième est venue d'Anatolie au 7e millénaire et a apporté l'agropastoralisme sur l'essentiel de l'Europe. La génétique confirme que ces migrants (hommes et femmes) ont suivi deux voies pour néolithiser l'essentiel du continent au 6e millénaire. Ils apportent aussi l'agropastoralisme au nord de l'Europe lors de la deuxième vague de néolithisation. Bien que les vestiges archéologiques témoignent des contacts et des échanges entre les indigènes et les migrants, génétiquement, le brassage de ces deux populations n'est pas décelable avant le 4e millénaire. La troisième population source des Européens est venue des steppes eurasiatiques au 3e millénaire. Les données signalent une migration essentiellement masculine sur plusieurs générations. Les isotopes indiquent une mobilité plus importante pour les premiers fermiers que pour les chasseurs-cueilleurs mais qui est néanmoins difficile à déceler isotopiquement pendant le Néolithique. La mobilité augmente notamment au 3e millénaire, mais les déplacements de longue distance restent exceptionnels. Au Néolithique, isotopes et génétique signalent une exogamie féminine. Les évènements et mouvements migratoires ultérieurs ont peu marqué la structure génétique de la population européenne subséquente. Même si la mobilité est désormais mieux caractérisée, il est nécessaire de comprendre : (1) pourquoi les fermiers néolithiques colonisaient des nouvelles terres; (2) pourquoi des hommes de l'extrême Est de l'Europe se sont déplacés vers l'Ouest au 3e millénaire ; et (3) quel est le lien entre ce dernier mouvement migratoire et le développement du Cordé et du Campaniforme.
Mots clés : Europe, Néolithique, 3e millénaire av. J.C., mobilité, migration, paléogénétique, isotopes stables
Summary
Over the past decade, available human genetic and isotopic data have increased as a result of technical advances in genetics, and an increased understanding of the isotopic environment, of the effects of diagenesis and of how different elements are absorbed. As a consequence, a synthesis of research on population mobility from these two types of data is necessary. This work focused on mobility and migration between the 6th and 3rd millennium BC. Paleogenetic
studies show that the genetic structure of present-day Europeans is primarily due to three source populations. The first population was already on the continent before the 7th millennium BC: foragers. The second population came from Anatolia during the 7th millennium BC and spread agropastoralism throughout most of Europe. Genetic data point to two migration routes across Europe in the 6th millennium BC. The migrants also spread agriculture to northern Europe during the second wave of neolithisation. Although archaeological remains provide evidence for contacts and exchanges between indigenous peoples and migrants, genetically, the admixture of these two populations only becomes apparent from the 4th millennium BC. The third source population of Europeans came from the Eurasian steppes during the 3rd millennium. The data point to a predominantly male migration over several generations. Isotopes indicate greater mobility for early farmers than for foragers, yet mobility is difficult to detect through the isotopic data during the Neolithic. During the 3rd millennium BC, mobility increased but long-distance travel remained exceptional. In the Neolithic, isotopes and genetics indicate female exogamy. Subsequent migrations and events have had little impact on the genetic structure of the European population. Although Neolithic migrations are now better understood, it is still necessary to research: (1) the reasons that pushed Neolithic farmers to colonise new lands (2) and men from the far east of Europe to move westward during the 3rd millennium as well as (3) the possible link between this last migration and the development and spread of Corded Ware and Bell Beakers.
Keywords : Europe, Neolithic, 3rd millennium BC, mobility, migration, paleogenetics, stable isotopes
Cordialement,
Karina Gerdau
UMR 7044, Université de Strasbourg, membre associé