Poétique du paysage dans la tombe de Patron : nouveaux regards sur les intentions de la commande
Autrices
Giulia DE PALMA, UMR 7041 ArScAn
Evelyne PRIOUX, directrice de recherche CNRS, UMR 7041 ArScAn
Giulia DE PALMA, UMR 7041 ArScAn
Evelyne PRIOUX, directrice de recherche CNRS, UMR 7041 ArScAn
RÉSUMÉS : français - english CITER CET ARTICLE : réf. électronique
Découvert dans les années 1830 le long du tronçon intra muros de la via Latina, le tombeau de Patron a immédiatement attiré l’attention des savants européens. Malgré cet intérêt, toutefois, le tombeau n’a jamais fait l’objet d’une approche globale, visant à restituer les relations que les différents éléments du décor épigraphique, peint et sculpté, auraient pu entretenir entre eux et, dans leur ensemble, avec le paysage environnant. L’étude met en évidence l’étroite complémentarité que ces éléments entretenaient à la fois entre eux et avec l’espace environnant. Celui-ci était marqué par la présence d’un jardin funéraire ou cepotaphion. À l’abri d’un mur, dont l’existence est suggérée par une plaque en tuf (peperino) déclarant le caractère sacré du lieu, ce locus amoenus était évoqué dans une longue inscription métrique. Hymne aux joies que la vie avait offertes au défunt, cette inscription semble vouloir les figer pour l’éternité, grâce à un jeu poétique d’images et de sons, traduits par un vocabulaire soigneusement sélectionné. La métaphore se prolongeait dans les peintures qui ornaient les parois intérieures de la chambre funéraire, dans un espace cette fois-ci réservé uniquement aux membres de la famille de Patron. Le décor du tombeau apparaît comme le résultat d’une conception unitaire, visant à immortaliser le souvenir d’une existence heureuse, même si les différents éléments qui le composent pourraient avoir été introduits à des moments différents, peut-être à l’occasion des décès prématurés des enfants de Patron. Replacé dans son contexte topographique, le tombeau de Patron témoigne aussi du développement sans précédent que connurent les espaces funéraires périurbains dans la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C. La position du tombeau, telle que nous avons pu la restituer à partir de la gravure de Domenico Amici, suggère que le tombeau dépendait moins de la via Latina qu’on ne le croyait jusqu’à présent tout en confirmant l’existence d’une voirie reliant la via Latina à la via Appia. La fondation de l’édifice aurait pu s’inscrire dans le cadre d’un processus organique d’occupation funéraire des aires attenantes à la via Appia.
Mots-clés : Rome, suburbium, périurbain, via Appia, nécropole, cepotaphion, paysage, épigramme, rapports texte-image, euphonie.
Title: The Poetics of Landscape in the Tomb of Patron: New Perspectives on the Purpose of the Commission
The tomb of Patron was discovered in the 1830s, along the intra muros section of the via Latina. Although it immediately attracted scholarly attention, there has been no global study of its epigraphic poems, painted decoration, and relationship to the surrounding landscape. This article discusses the complementarity between all parts of the monument and its environment. The tomb was indeed located in a funerary garden, one of the earliest known examples of cepotaphia in the Roman world. A peperino slab informs us that the place was sacred and suggests the presence of a precinct that protected this locus amoenus. A carmen epigraphicum also praises the beauty and harmony of the landscape, and reminds us that Patron was blessed with a happy life. By celebrating his past happiness, the poem apparently endeavours to perpetuate this state of harmony for ever by rendering, through carefully chosen words, a mimetic image of the chirping of birds. Inside the funerary chamber, the paintings echoed the poem that was probably set outside the grave. Patron’s funerary monument was thus composed of various parts - a garden, a sculpted monument engraved with poems and other inscriptions and an inner chamber with frescoes - and the contemplation of the entire program was only accessible to family members. And yet the decorative program was apparently conceived as a whole, probably by Patron himself. New parts of the program were possibly added on different occasions, e.g. when Patron’s children died, but they formed a coherent ensemble. When considered in its topographical context, Patron’s tomb also illustrates the unprecedented development of periurban funerary spaces in the second part of the 1st century BCE. The position of the tomb, that can be deduced from Domenico Amici’s engraving suggests that the tomb was rather set on a secondary road connecting the via Latina to the via Appia, than on the via Latina itself. Its emplacement is possibly the result of the development of funerary areas connected, thanks to secondary roads, to the via Appia.
Keywords: Rome, suburbium, periurban, via Appia, necropolis, cepotaphion, landscape, epigram, text and image, euphony.
G. DE PALMA, E. PRIOUX, « Poétique du paysage dans la tombe de Patron: nouveaux regards sur les intentions de la commande », Archimède. Archéologie et histoire ancienne [En ligne] 10, 2023, p. 201-224. Mis en ligne le 06/11/2023.
URL: https://archimede.unistra.fr/websites/misha/archimede/Revue_Archimede_RAHA/Numero_10/AR_D3_04_DE-PALMA-PRIOUX-150dpi.pdf
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