Résumé
La pensée politique d’Isocrate, portée par ses discours, est largement tournée vers l’Asie, l’empire du Roi et les peuples qui lui sont soumis. Cette préoccupation s’inscrit notamment dans les suites de la Paix d’Antalcidas conclue en 386 av. J.-C., dont le contenu, scandaleux aux yeux de l’Athénien, a accru la mainmise perse sur le continent asiatique. L’axe essentiel qui va alors commander le programme politique défendu par Isocrate pendant une trentaine d’années, depuis le Panégyrique (380) jusqu’au Philippe (346) et au Panathénaïque (342-339), est la construction d’un panhellénisme prônant la paix et l’union entre les Grecs, étroitement subordonné à une expédition commune contre l’ennemi héréditaire perse.
Comment le corpus isocratique désigne-t-il lexicalement les populations asiatiques ? De quelle vision de l’Asie et du caractère de ses habitants ces dénominations témoignent-elles ?
Après avoir mis en évidence le caractère schématique et stéréotypé des modes de désignation et de représentation des peuples d’Asie dans l’œuvre d’Isocrate, l’étude montre que cette représentation ne doit pas être jugée per se comme simpliste et réductrice. Elle est en réalité à interpréter comme le support privilégié à la fois du projet politique défendu par l’Athénien et de la forme choisie par lui, à savoir une rhétorique à la croisée des genres épidictique et symbouleutique.
Mots-clés : Antalcidas, Asie, Asiatiques, barbares, genre épidictique, genre symbouleutique, Grecs, Isocrate, lexique, panégyrique, panhellénisme, Philippe, rhétorique.