Résumé

La construction de la figure messianique de Jésus s’est faite pour une bonne part, dans les écrits du Nouveau Testament, en s’appuyant sur une autre figure également construite, celle de Jean-Baptiste. Ce personnage a fait l’objet d’une double interprétation : dans les milieux baptistes qui se réclamaient de son enseignement d’une part, dans le courant chrétien naissant d’autre part, qui fit de lui le « Précurseur » du Christ. Le récit de son martyre, bien singulier dans la littérature hagiographique, fut utilisé par l’évangéliste Marc comme préfiguration de la « passion » de Jésus, selon un procédé de composition traditionnel dans le judaïsme ancien : la typologie. Mais ce stratagème destiné à intégrer la mort du Messie dans un schéma historique providentiel a fait long feu et il a été abandonné par les deux autres synoptiques qui ont préféré s’appuyer sur les récits de l’enfance de Jésus pour hiérarchiser les deux personnages.

Mots-clés : Nouveau Testament, Jésus-Christ, Jean-Baptiste, Précurseur, typologie, passion.

 

Abstract

The construction of Jesus as a messianic figure in the New Testament draws heavily on another constructed figure, John the Baptist. He is subject to more than one interpretation: on the one hand, in Baptist circles which lay claim to his teaching and on the other, in the emerging Christian movement which sees him as the 'forerunner' of Christ. The account of his martyrdom, which is unsual in hagiographical literature, was employed by Mark, the Evangelist, as a prefiguration of Jesus’ ‘passion’. In so doing, he adopted the well-worn compositional practice of typology, traditional to Ancient Judaism. However, this strategy to integrate the death of the Messiah into a historical framework guided by Providence did not last long and was abandoned by the two other synoptic gospels who relied on the infancy narratives to establish a hierarchy between the two characters.

Keywords: New Testament, Jesus Christ, John the Baptist, Precursor, typology, passion.