Dés coptes ? Dés indiens ?
Auteur
Thierry DEPAULIS, Paris, historien indépendant, thierry.depaulis[at]gmail.com
Thierry DEPAULIS, Paris, historien indépendant, thierry.depaulis[at]gmail.com
RÉSUMÉS : français - english CITER CET ARTICLE : réf. électronique
Résumé
Plusieurs collections publiques européennes et américaines possèdent dans leurs départements d’antiquités gréco-romaines, égyptiennes, orientales et parfois même islamiques des objets parallélépipédiques en os ou en ivoire, marqués d’ocelles sur les quatre faces longues et généralement tenus pour des dés à quatre faces. Les faces présentent les points 1-6/2-5. Or l’emploi de tels dés est bien attesté en Inde, y compris aujourd’hui. Les dés "gréco-romains" (parfois dénommés, abusivement, tali) ressemblent étonnamment à leurs homologues indiens modernes : ils ont la même disposition des points, ce qui est troublant car celle-ci n’est pas une évidence. Pourtant l’Inde antique connaissait aussi un dé rectangulaire mais avec une ponctuation différente, 1-2/3-4.
Cette contribution cherchera à éclaircir l’énigme de l’origine et de la diffusion de ces dés méditerranéens. Ceux-ci pourraient être de production copte, comme le corpus réuni le montre. Leur chronologie paraît se situer entre les derniers siècles avant l’ère chrétienne et les premiers temps de l’Islam en Égypte. Deux types sont distingués : l’un simple et fonctionnel a sûrement servi à jouer (mais à quoi ?), l’autre, surchargé d’ocelles en grappes, paraît avoir été destiné à des pratiques magiques. Côté Inde, on note un changement net dans la ponctuation des dés parallélépipédiques vers l’an mille : d’un schéma antique 1-2/3-4, on passe à la disposition "moderne", 1-6/2-5. Celle-ci serait-elle venue d’Égypte ? Et pourquoi ce changement ? Quelques hypothèses sont proposées ici.
Mots-clés : Coptes, dés, Égypte, Inde.
Coptic Dice? Indian Dice?
Several European and American public collections store in their departments of Graeco-Roman, Egyptian, Oriental and sometimes also Islamic antiquities, bone or ivory parallelepipeds, inscribed with dots on their four long sides; they are generally held for four-sided dice. The arrangement of dots always follows a 1-6/2-5 pattern. Such dice are popular in India too, still today. The so-called Graeco-Roman dice (sometimes misleadingly called tali) look very much like their modern Indian counterparts: they have the same arrangement of dots, which is puzzling, because this arrangement is anything but obvious. However, in ancient times, India had another rectangular die, of the same shape, but with different numbers, 1-2/3-4. This contribution seeks to explain the enigma of the origin and diffusion of these Mediterranean dice. These dice could well be Coptic, as the corpus presented here shows. They range chronologically between the last centuries BCE and the early Islamic period in Egypt. Two types can be distinguished: one, simple and functional, was certainly used for play (but for which games?), the other, overloaded with clusters of dots, seems to be associated with some magical rituals. In India, a clear change in the arrangement of dots of these parallelepipedic dice can be observed around 1000 AD: the ancient 1-2/3-4 pattern disappears, while dice with the “modern” 1-6/2-5 arrangement are introduced. Could this new pattern come from Egypt? And why this change? We offer here a few hypotheses.
Keywords: Copts, dice, Egypt, India.
T. DEPAULIS, « Dés coptes ? Dés indiens ? », Archimède. Archéologie et histoireancienne [En ligne] 6, 2019, p. 100-112. Mis en ligne le 22/07/2019.
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