Résumé
Les grandes figures exemplaires et les épisodes mémorables du passé de la Grèce et de Rome constituent un des matériaux à partir desquels s’élaborent, au présent, les discussions mises en scène dans les Propos de table. Dans cette polyphonie savante, largement fondée sur le dialogue avec les Anciens (hoi palaioi), la figure du « divin » Platon (Per., 8.2), « le premier des philosophes par la réputation et par l’autorité » (QC, 700B), occupe une place de premier plan, celle d’une sorte de « saint patron » d’un hellénisme dilaté à l’échelle de l’Empire. Dans les prologues placés au seuil de chaque livre comme dans la succession des séquences narratives et les pratiques savantes et rituelles qu’elles décrivent, le philosophe s’affirme en effet comme l’une des références privilégiées de la société plutarquéenne des banquets savants. À travers l’analyse de cette figure tutélaire et de la signification dont elle est investie dans les Propos de table, cette contribution se propose de mettre en lumière les opérations et les stratégies que mobilise, dans l’espace d’une République « gréco-romaine » des lettres, la fabrique d’une mémoire savante partagée, ancrée dans des figures « mythiques ».
Mots-clés : Plutarque, Platon, hellénisme, Empire romain, symposium.