A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, Sylvain Perrot, Chargé de recherche au CNRS, donnera ce mercredi une conférence intitulée « Une étoile au Paradis : Stella, femme libre », où il sera question de tragédie et de musique grecques (modernes, pour une fois).
Voici un petit résumé (il n'est pas nécessaire d'avoir vu le film pour suivre la conférence) :
1955 : Mikhail Kakoyannis fait scandale avec son deuxième long-métrage, en mettant en scène une chanteuse de taverne indépendante et libérée, Stella, campée par la charismatique Melina Merkouri, qui y fait ses débuts au cinéma. Alors que les critiques grecs y voient un sordide drame réaliste, les réactions étrangères sont enthousiastes après la projection du film à Cannes, estimant que le réalisateur s'est élevé à la hauteur de la tragédie antique. Stella crée un véritable précédent avec des thèmes empruntés à l'Antiquité (fatalité, héroïne confrontée aux lois de la cité) tout en promouvant la question de l'émancipation féminine et la culture populaire de la Grèce contemporaine, en particulier la musique avec la présence des bouzoukis et du rebetiko. La conférence sera l'occasion de regarder de près la place que les chants occupent dans la trame du film (auquel ont d'ailleurs contribué des grands noms de la chanson grecque, Manolis Chatzidakis, Vassilis Tsitsanis et Sofia Vembo). Scandant et commentant le drame qui se joue, comme le faisaient les ch?urs de la tragédie antique, ces mélodies restées célèbres (???? ????????? ?? ??? ??, ????? ??? '????? ?????? ????????) sont autant d'indices laissés par Kakoyannis pour faire de Stella une nouvelle Carmen et une héroïne tragique : Athènes devient un théâtre où la condition sociale de la femme rencontre la devise par excellence du peuple grec, la liberté ou la mort.
Melina Merkouri